Bruno Freyssinet, directeur artistique de la Transplanisphère

Bruno Freyssinet, directeur artistique de la Transplanisphère

  • 16 janvier 2023

Bruno Freyssinet, directeur artistique de la Transplanisphère, est aussi concepteur, coordinateur et pédagogue. En plus d’animer des ateliers artistiques menés auprès d’élèves et de jeunes adultes, il enseigne également à Sciences Po Paris. Il a obtenu une certification d’innovation culturelle par le Relais Culture Europe en 2021. 

Pouvez-vous nous raconter comment est née l’idée du projet ?

Cela fait 12 ans qu’on fait des projets de coopération européens et on a commencé à réfléchir à imaginer un projet qui pourrait être un nouveau cadre pour l’ensemble du travail de la compagnie. On voulait grandir et essayer de mettre en cohérence notre travail au travers d’un projet qui rassemble nos différentes actions. Comme on travaille essentiellement sur des enjeux politiques et citoyens, on s’est demandé quel sujet universel pourrait nous mettre devant la nécessité du siècle, alors que nos autres projets se centrent plutôt sur des nécessités immédiates, décennales. La question de lutter contre la crise climatique avec tous les enjeux liés à l’écologie semblait le thème le plus évident et englobant. On s’est posé la question de mettre en jeu ce sujet la dans les années à venir en ayant une approche sur notre travail, façon de fonctionner, nos propres créations et notre travail de médiation avec les publics.

Pourquoi avoir choisi de mener ce projet à l’échelle européenne ?

C’est notre terrain de jeu habituel, c’est la qu’on travaille depuis plusieurs années: on pense automatiquement à cette échelle là, voir plus loin, puisque on sort parfois des frontières européennes dans le cadre de nos projets. De plus, le thème de ce projet ne marche que si il est abordé de façon internationale, à une échelle qui a un impact. Enfin, on sentait qu’il était difficile de s’y mettre, ça faisait un moment que le sujet était présent mais on avait tendance à le repousser à plus tard pour s’adresser à des enjeux qui nous semblaient plus immédiats comme l’immigration, l’économie, la crise, la corruption, la fraude. Ce sujet semblait énorme, mais il a bien fallu se décider, donc l’approche européenne était une façon de se motiver ensemble, presque une approche de thérapie collective transformée en création et en créativité.

Comment envisagez-vous votre rôle de coordination au sein des partenaires ?

Il faut qu’on assume un rôle de stimulateur, d’impulseur, on est là pour encourager, comme on compte d’ailleurs aussi sur nos partenaires pour nous encourager en retour. Notre rôle c’est de faire en sorte de travailler ensemble, et ce faisant de faire des choses plus grandes que chacun de notre côté. Nous voulons rendre cela si possible agréable et positif pour tous.

Quels sont les défis les plus fréquemment rencontrés par la Transplanisphère en termes d’écologie ?

Notre premier défi est la question de la mobilité, c’est le plus évident, car faire des projets européens c’est voyager et donc emprunter des transports carbonés qui ont un impact néfaste sur l’environnement. Il y a également le défi psychologique de la procrastination et du déni. L’écologie c’est certe des changements de comportement mais aussi la reconnaissance d’un défi auquel il faut faire face. C’est peut être encore plus difficile car ça implique d’intégrer dans notre logiciel de travail ces enjeux d’écologie c’est plus profond que juste changer de mode transport, et on a du travail !

Qu’espérez vous que LeCAKE va apporter à la Transplanisphère ?

Tout d’abord une transition heureuse, on va transformer la contrainte et l’obstacle en quelque chose de stimulant pour nous et nos partenaires, faire en sorte que ce soit une nouvelle façon de travailler ensemble à l’avenir. On espère que cette méthode va grandir, se développer et prendre une place centrale dans notre travail, peut être plus même que la compagnie qui restera pour faire tourner ce “gâteau”, le distribuer, le faire grandir. A terme on espère que LeCAKE va se développer dans les prochaines années pour devenir l’action, l’écrin de tout notre travail.

Qu’espérez vous que LeCAKE va apporter au secteur culturel dans son ensemble ?

 

Il y a beaucoup de signaux en ce moment dans ce secteur et il faut que LeCAKE continue à faire nombre. Il peut se détacher par son approche européenne qui vise à la fois à aborder les enjeux de nos pratiques mais aussi de nos créations et de nos relations aux publics. Ca serait formidable d’arriver à le faire déjà dans nos six pays européens, et à terme peut être davantage, de grandir dans l’espace européen, et que LeCAKE contribue à cet effort joyeux de transformation des pratiques artistiques de nos nos petites structures agiles européennes. J’espère qu’on sera un exemple, mais aussi qu’on sera rejoint, voir dépassés, supplantés : il faut pas forcément qu’on soit un phare mais au contraire qu’on soit de plus en plus nombreux et qu’on s’inscrive dans une grande “équipe européenne” qui va faire changer les choses.

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